Vol. 14, no 1, été 2015 : Appel à articles
Date limite de soumission des articles : 30 juin 2014
Parution : mai 2015
Ce dossier d’Expressions maghrébines se propose d’étudier les référents littéraires mais aussi esthétiques liés à la peinture, la photographie et le cinéma dans l’oeuvre des écrivaines d’origine algérienne. Il s’agira de nous demander dans quelle mesure l’intertextualité et les généalogies littéraires ou artistiques convoquées par des écrivaines telles que Taos Amrouche, Maïssa Bey, Nina Bouraoui, Hélène Cixous, Assia Djebar, Malika Mokeddem ou, entre autres, Leïla Sebbar, configurent et problématisent en même temps l’appartenance à une tradition et à un héritage – critique, historique, national, culturel, linguistique et de genre.
Le dossier portera une attention particulière aux ouvrages consacrés à la question de l’Algérie, construits autour du débat colonial-postcolonial et du dialogue politique entre la France et l’Algérie, afin d’interroger dans quel imaginaire culturel et littéraire commun ils puisent. Il s’agira également d’interroger le statut de La fiction dans la construction du récit de l’Histoire, à la croisée des notions de mémoire, mémorial, monument,archive, archéologie, vérité, véridicité, fiction et mensonge.
Comment doit-on entendre, dans les premières pages de Bleu blanc vert de Maïssa Bey, la scène inaugurale de lecture qui a lieu dans les biens vacants d’Alger abandonnés par les Français après l’Indépendance, dans leurs appartements meublés et leurs bibliothèques ? Parmi les personnages de ceroman, qui lit et dans quelle bibliothèque lisent-ils ? Quel est le statut de l’écriture homosexuelle et de l’oeuvre photographique d’Hervé Guibert à l’intérieur du récit d’évocation de l’enfance algérienne de Nina Bouraoui dans Mes mauvaises pensées ? Et l’imaginaire des films de David Lynch ? En quoi l’écriture essayistique de Michel de Montaigne et La Mort de mes frères de Zohra Drif sont des intertextes du récit des scènes primitives de l’Algérie coloniale tissées par Hélène Cixous dans Si près ? Mais aussi : quels sont lês rapports entre les écrivains arabophones, hommes et femmes, et les voix féminines francophones d’Algérie ? Doit-on parler de pont ou de fracture entre les deux communautés linguistiques d’écrivains ?
C’est bien la reprise, la citation, l’intertextualité, l’interprétation ou l’imitation –élogieuse, militante,déplaçante, parodique ou différante –, tout comme leur rapport aux voix majeures et mineures du Canon littéraire, que nous proposons de retracer chez ces écrivaines, dont nous interrogerons l’« algérianité » ainsi que la stricte appartenance à « l’histoire de l’Algérie » à travers la spécificité de l’espace littéraire et artistique.
Dans cette perspective, le présent dossier accueillera favorablement des articles qui réfléchissent d’un point de vue théorique au problème de la tradition et l’appartenance à une littérature nationale à travers lês notions d’« influence », « influence négative », « circulation » et « force » telles que les conçoit Roland Barthes (« Je ne crois pas aux influences ») ; à travers le concept d’« archive » et les distinctions entre «fiction », « véracité » et « mensonge » élaborés par Jacques Derrida (Mal d’archive et Histoire du mensonge) ; ou, parmi d’autres, les réflexions de Michel Foucault sur l’archéologie (L’Archéologie du savoir) et de Jacques Rancière sur « l’histoire », « le partage du sensible » et la « politique et vérité » de l’écriture littéraire (Les Mots de l’histoire et Politique de la littérature), appliquées au corpus étudié.
Les collaborateurs et collaboratrices potentiels sont invités à soumettre des textes ayant des rapports avec un ou plusieurs des axes d’analyse relatifs au sujet du dossier :
• L’oeuvre des écrivaines d’origine algérienne à la lumière du débat sur les littératures nationales,
transnationales, comparées et sur la littérature-monde.
• La construction littéraire de l’imaginaire historique et national en Algérie, en rapport avec les notions de mémoire, mémorial, monument, archive, archéologie, vérité, véridicité, fiction et mensonge.
• La réécriture de la tradition et du canon en rapport avec les problèmes de traduction et transferts culturels.
Hybridité et/ou isolement des traditions littéraires d’expression française et d’expression arabe en Algérie.
• Les formes d’appartenance et d’héritage littéraires et artistiques : les notions d’influence et d’influence négative, généalogie et intertextualité au sens large dans l’espace littéraire et interartistique – peinture, photographie, cinéma.
• Les imaginaires et figurations de la bibliothèque, la scène de lecture, ses lecteurs-lectrices et auteur(e)s.
Les articles ne devront pas dépasser 40.000 signes, espaces inclus (6.000 mots environ). La ponctuation,
les notes et les références doivent être conformes aux normes appliquées par la revue :
http://www.ub.edu/cdona/em#guide
Les demandes de renseignements complémentaires et les articles complets doivent être adressés par courrier électronique à la Présidente du comité scientifique, Marta Segarra, à :
expressions.maghrebines@ub.edu
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La section VARIA de la revue maintient toujours un appel à articles (sans date limite de soumission) concernant les cultures maghrébines : littérature, cinéma, arts…